Ce matin, en écoutant la radio, j'ai entendu ça: "on commence à déclarer de moins en moins de cas de diabète de type 2 en France". https://www.europe1.fr/sante/diabete-le-nombre-de-nouveaux-cas-commence-a-baisser-en-france-3920261 J'aurais dû m'en réjouir! Bah même pas. Je me suis sentie blessée en écoutant la suite. La cause en serait la meilleure diffusion d'une bonne culture diététique, l'augmentation de la pratique du sport, la méfiance généralisée à l'égard de la malbouffe. Normal, le diabète de type II, on vous rappelle ce que c'est très généreusement à la radio et dans les journaux: c'est le diabète des gros, de ceux qui ont immodérément vécu jusqu'à 40 ans, il suffit donc d' "un peu de volonté" pour en retarder l'apparition, ou encore d'une politique publique bien efficace, qui martèle jour et nuit en bas de ses publicités pour des aliments nocifs, qu'il faut manger ses 5 fruits et légumes par jour et ne surtout pas oublier de bouger... C'est le diabète des gens qui l'ont bien cherché et qui en plus, coûtent une blinde à la solidarité nationale. C'est peut-être d'ailleurs un faux diabète. Un simple régime en vient à bout, comme chacun sait. Il faut bien faire pénitence, après tous ces excès. Bah j'ai vraiment la poisse alors. J'ai toujours été ronde, depuis la puberté. Mais à 20 ans, je me suis mise au sport, j'ai maigri considérablement jusqu'à perdre presque tout mon surpoids, et surtout, j'ai complètement modifié mon régime de vie en prenant connaissance des bonnes règles diététiques. Je n'avais pas été éduquée à me nourrir de malbouffe, cela dit, simplement j'étais trop abondamment nourrie et j'étais gourmande et un peu sédentaire (beaucoup de lecture...). Mais voilà, à 28 piges, paf. Diabète. Un vrai, un incontestable, avec une HBA1C à 10%. Pas un petit machin de pré-retraite qui se traite au régime et au seul Glucophage. Et comme j'en voyais, des amis plus enrobés, plus négligents, moins soucieux de leur santé que je ne l'étais, s'étonner de mes précautions et de l'impact de chaque aliment sur mes glycémies... Quant à mon papa, il a toute sa vie été maigre, hyperactif et biberonné aux fruits et légumes. Paf, diabète à 40 ans. Bien entendu, on n'établit pas de généralités sur la base de quelques exemples. Mais Dieu que ça fait mal d'entendre systématiquement "diabète de type II, vous savez, le diabète GRAS". Honnêtement je deviens à moitié folle quand j'entends ça. Il y a plus de 20 ans que je m'évertue à m'alimenter sainement et que je pratique une activité physique importante. Et pourtant. Cela n'a certes pas retardé l'apparition de ce diabète si précoce (pour un type 2 justement...), même s'il est évident que cela a contribué à mon équilibre général. Mais voilà, c'est comme pour les gros. Ce discours ambiant qui veut que l'on soit responsable de son diabète comme de son surpoids, me pèse abominablement. Evidemment, je ne me plains pas, j'ai bien conscience que souffrir d'un diabète de type I très tôt dans sa vie est quelque chose de bien plus fatigant et contraignant. Mais j'ai l'impression d'être une diabétique de seconde zone, qui paie cher ses excès. Et c'est ainsi que tout le monde désigne ces plaies que sont l'obésité, le diabète, etc.: les conséquences d'une vie d'excès ou d'ignorance. Sans jamais prendre la mesure de ce que ces affections ont aussi d'héréditaire et de résistant à notre volonté toute-puissante. Peut-être faudrait-il parfois que des médecins allègent notre fardeau en expliquant publiquement que la volonté ne peut pas tout et que malgré l'hygiénisme ambiant, notre volonté et notre régime de vie ne sont pas tout-puissants. En tout cas, cette perception sociale de ce qu'est le diabète de type II n'aide pas à mieux le vivre psychologiquement, je trouve. Et bien qu'étant totalement incompétente en médecine, je me demande aussi si elle aide vraiment à mieux le comprendre comme phénomène entier, qui ne peut se résumer que par des causes environnementales...